THE MAN WHO SOLD THE WORLD







Description

The Man Who Sold the World est le troisième album studio du chanteur britannique David Bowie. Il est sorti en novembre 1970 aux États-Unis et en avril 1971 au Royaume-Uni chez Mercury Records.

Enregistré d'avril à mai 1970 dans deux studios de Londres, cet album est le premier sur lequel Bowie travaille avec le guitariste Mick Ronson, qui l'accompagne pendant les trois années qui suivent. Il propose une musique influencée par le hard rock et le blues rock qui tranche significativement avec le son folk rock de son précédent album, Space Oddity. Les paroles sont quant à elles plus sombres et abordent des thèmes comme la folie ou la mort, avec des allusions à Friedrich Nietzsche et Aleister Crowley.

The Man Who Sold the World est édité sous deux pochettes différentes : un dessin de cow-boy aux États-Unis et une photo de Bowie en robe au Royaume-Uni. La critique lui réserve un accueil positif dans les deux pays, sans que cela ne se traduise par des chiffres de ventes remarquables. Aucun single n'en est extrait. Comme Space Oddity, l'album doit attendre que le chanteur devienne une vedette sous l'identité de Ziggy Stardust, en 1972, pour que sa réédition chez RCA Records apparaisse dans les classements britannique et américain des meilleures ventes. Avec le recul, les critiques considèrent The Man Who Sold the World comme le premier bon album de Bowie et une étape importante dans son développement artistique.

Contexte

Le 3 février 1970, David Bowie se produit sur la scène du Marquee Club de Londres. Son groupe d'accompagnement se compose alors du guitariste Tim Renwick, du batteur John Cambridge et du producteur Tony Visconti à la basse. Après le concert, il fait la connaissance de Mick Ronson, guitariste originaire de Kingston upon Hull, dans le nord de l'Angleterre. Le courant passe entre les deux hommes et Bowie invite Ronson à devenir son guitariste attitré. Ce dernier, dont la carrière avec son groupe, The Rats, est au point mort, accepte la proposition. Il joue pour la première fois avec Bowie deux jours plus tard pour une émission de la BBC.

Le quatuor Bowie-Ronson-Visconti-Cambridge adopte le nom de Hype et donne son premier concert en public le 22 février à la Roundhouse de Londres. Chacun des quatre musiciens adopte à cette occasion une identité de super-héros, avec un costume à l'avenant Bowie, vêtu d'un collant multicolore en lurex avec une veste argentée, devient « Spaceman » ou « Rainbowman » ; Visconti, habillé à la Superman avec une grande lettre H sur le torse, est « Hyperman » ; Ronson, qui hérite d'un costume à double boutonnage appartenant à Bowie, est « Gangsterman » ; Cambridge, enfin, devient « Cowboyman » avec une chemise à jabot et un grand chapeau de cow-boy. Le public réserve un accueil tiède à Hype, mais ce concert aux costumes extravagants est considéré a posteriori comme l'un des points de départ du mouvement glam rock. Visconti rapporte que Marc Bolan, ami et rival de Bowie, est présent à la Roundhouse. Il estime que la performance de Hype a contribué à le faire transformer son groupe T. Rex en ensemble glam rock.

Hype ne donne qu'une poignée de concerts au cours du mois de mars. Durant cette période, Bowie commence à élaborer les chansons de son prochain album dans le petit studio qu'il a aménagé dans sa nouvelle demeure de Haddon Hall, à Beckenham. Le 6 mars sort le 45 tours The Prettiest Star, une chanson dédiée à sa compagne Angela Barnett, qu'il épouse le 20 mars à Bromley. Le single est un échec commercial, comme tous ses disques depuis le début de sa carrière à l'exception de Space Oddity. Trois jours après son mariage, Hype se rend aux studios Trident pour enregistrer un nouveau single de Bowie, qui doit se composer d'une nouvelle version de la chanson Memory of a Free Festival en face A et d'une composition inédite, The Supermen, en face B. La séance s'avère houleuse, Cambridge ne parvenant pas à suivre le rythme de The Supermen, et Bowie décide de se passer de ses services. Pour le remplacer, Ronson propose de faire appel à Mick Woodmansey, avec qui il a joué au sein des Rats.

Analyse

"Certains disznt que la vue est folle/Mais vous pouvez adopter un autre point de vue. Donc, si c'est beaucoup trop flou / Vous pouvez laisser mon ami et moi avec un adieu affectueux », chante David Bowie dans The Man Who Sold The World, fournissant ainsi une critique des plus convaincantes de son propre travail récent - la musique de Bowie offre une expérience qui est aussi aussi intrigant qu'il fait froid dans le dos, mais seulement pour l'auditeur suffisamment solidaire pour supporter sa schizophrénie.

Bowie traite tout au long de ce deuxième album d'images obliques et fragmentées qui sont presque impénétrables séparément mais qui véhiculent avec efficacité un sens ironique et amer du monde lorsqu'on les considère ensemble. Sa relation malheureuse avec le monde est liée à son incapacité à le percevoir sainement : « Je préfère rester ici avec tous les fous/Que périr avec les tristes en liberté… Je suis plutôt content qu'ils soient tous aussi sains d'esprit que moi. ”

L'utilisation par le producteur Tony Visconti de l'écho, de la mise en phase et d'autres techniques sur la voix de Bowie pour obtenir un ton étrange et surnaturel rappelant un robot (ce qui n'implique pas que Bowie chante mécaniquement, mais que sa voix est étrangement métallique pour commencer) sert à renforcent le caractère déchiqueté des paroles et de la musique de Bowie, cette dernière étant jouée d'une manière intimidante par un quatuor parfois brillant (notez le break de guitare de Mick Ronson dans "She Shook Me Cold") guidé par la basse maniaquement glissante de Visconti.

Dans un album qui, à l'exception du sarcastique impuissant "Running Gun Blues", est uniformément excellent, au moins quatre titres demandent une attention particulière : "Saviour Machine" démontre que Bowie est loin d'avoir épuisé son talent pour la science-fiction rock tranquillement moraliste dans ses premiers "Curiosité spatiale." Le "After All" presque insupportablement dépressif contient le refrain le plus étrange peut-être jamais conçu - un "Oh, par jingo" obsédant et mantrique. "The Width of the Circle" est à la fois une hallucination aux accents religieux qui rappellent à la fois Dante et Adam et Eve et un son d'énormité. Et « She Shook Me Cold » contient certaines des images sexuelles les plus bizarres jamais consacrées au vinyle : « Elle a sucé ma volonté endormie » ou « Elle a pris ma tête, l'a brisée / Et a laissé mon jeune sang monter. »

Vous, jeunes cinéastes ambitieux, qui envisagez un film brillamment évocateur et psychologiquement orienté sur le désespoir, considérez Kevin Ayers, puis décidez finalement que David Bowie fera la partition.

COVER-STORY


Pour la pochette de l'album, Bowie jette son dévolu sur le dessinateur Mike Weller, dont il a fait la connaissance à l'Arts Lab de Beckenham. Influencé par le pop art d'Andy Warhol et Roy Lichtenstein, Weller produit une illustration de style bande dessinée représentant un cow-boy de profil, fusil sous le bras, devant un grand bâtiment d'allure gothique avec une tour d'horloge aux vitres brisées. Le cow-boy est inspiré d'une photo publicitaire de John Wayne et fait référence à la chanson Running Gun Blues, tandis que le bâtiment n'est autre que l'hôpital psychiatrique de Cane Hill51. Des bulles se détachent du chapeau du cow-boy dans un effet psychédélique. Un phylactère inclut la phrase « Roll up your sleeves take a look at your arms » (« Remonte tes manches et fais-nous voir tes bras »), un jeu de mots sur l'arme à feu du cow-boy, la consommation de drogue et le jargon de la musique. Cette illustration porte le titre provisoire de l'album, Metrobolist, un calembour sur le titre du film de Fritz Lang Metropolis.

D'abord convaincu par le dessin de Weller, Bowie change d'avis et décide de faire appel au photographe Keith MacMillan, dit « Keef », pour la pochette. La séance photo prend place fin septembre à Haddon Hall. Vêtu d'une longue robe de satin bleu et crème dessinée par Michael Fish, le chanteur pose alangui dans une chaise longue, béret sur la tête, et s'amuse à éparpiller un paquet de cartes à jouer sur le sol. Son béret évoque Greta Garbo, ses cheveux longs Lauren Bacall ; il affirme avoir voulu recréer l'atmosphère des toiles du peintre préraphaélite Dante Gabriel Rossetti. Nicholas Pegg décrit cette photographie comme « une image franchement provocatrice pour l'époque, et l'acte de confusion des genres le plus éhonté commis par Bowie à cette date ».

Cependant, la branche américaine de Mercury Records refuse de suivre les instructions de Bowie et l'album paraît aux États-Unis avec une version légèrement retouchée du dessin de Weller en guise de pochette. Le texte de la bulle du cow-boy, jugé trop tendancieux, a été effacé, et le titre Metrobolist a été remplacé par The Man Who Sold the World. Furieux, le chanteur obtient que la version britannique de l'album utilise la photo de MacMillan, même si son souhait de le voir rebaptisé Holy Holy n'est pas exaucé. Du fait de ses ventes médiocres au Royaume-Uni, cette version du disque est très recherchée des collectionneurs69. Pour sa réédition de 1972, The Man Who Sold the World reçoit en effet une pochette différente, avec une photo de Brian Ward. Bowie y apparaît en pied, guitare en bandoulière, en train de lever haut la jambe gauche.

SETLIST


Piste Titre Durée
Face A
01 The Width of a Circle 8:05
02 All the Madmen 5:38
03 Black Country Rock 3:32
04 After All 3:52
Face B
05 Running Gun Blues 3:11
06 Saviour Machine 4:25
07 She Shook Me Cold 4:13
08 The Man Who Sold the World 3:55
09 The Supermen 3:38